Vous trouverez sur ce blog de nombreux articles concernant le paiement mobile, mais j'entends souvent la remarque, à juste titre, que aujourd'hui encore peu de commerçants acceptent la carte bancaire pour des petits montants. C'est en effet sur ce problème qu'il faut se concentrer avant même l'acceptation de la NFC.
Michel Sapin en a fait sa priorité, semble-t-il, sans doute pas seulement pour notre confort quotidien, mais surtout pour exercer un flicage plus intense des paiements qui encore aujourd'hui se font en grande partie en liquide, propice à la non-déclaration aux impôts par les commerçants.
Mais avant cela, il faut se pencher sur le problème de fond : pourquoi les commerçants imposent-ils un minimum de paiement par carte bancaire ?
Un paiement par carte, contrairement au liquide, repose sur une infrastructure avec, surtout en France, de nombreux acteurs à rémunérer : la banque du commerçant, la banque du client, le réseau GIE-CB (dans le cas d'un paiement CB), et enfin le réseau VISA/Mastercard/etc. Chaque acteur veut sa commission, et la plupart ne vivent que de celle-ci.
Ne vous-êtes vous pas demandé comment des acteurs tels que Revolut ou N26 parviennent à vous proposer une carte bancaire totalement gratuite, sans condition ? Leur business model repose sur ces commissions bancaires.
En décembre 2015, un décret limitant le montant de ces commissions est entré en vigueur, les plafonnant à 0.23% du montant de la transaction. De plus, il avait été annoncé que la partie fixe des commissions devrait disparaître fin 2016 - c'est notamment cette partie fixe qui a très largement motivé les commerçants à n'accepter la carte qu'à partir d'un certain montant : imaginez-donc que l'on vous demande de payer 50 centimes à votre banque à chaque paiement, par exemple pour une baguette de pain !
Edit 18/04/2018 : pour information, voici le récapitulatif des frais sur le réseau CB.
Aujourd'hui, le décret est en place, mais la majorité des commerçants n'en ont que vaguement entendu parler, et la plupart du temps leur contrat de location du TPE n'a pas été renégocié depuis. Les banquiers ne jouent bien évidemment pas le jeu, et espèrent bien profiter encore un moment de la part du lion.
La balle est dans le camp des commerçants, et le jeu se joue contre les banques acquéreurs. Comble de l'histoire, ce sont parfois les même banques qui poussent à l'usage de la NFC et du paiement mobile, et qui refusent (ou sur-facturent) le terminal compatible au commerçant !
Vous trouverez un rapport mensuel sur l'acceptation du sans contact sur le site suivant, mais il est dommage de ne pas avoir à ce jour de détail sur le pourcentage de paiements mobile. On peut espérer qu'avec des leviers tels que Paylib, ou encore le passage du à 30€ pour un paiement sans code, la démocratisation du sans contact s'accélère, et que les commerçants ne considèrent plus cela comme un moyen de paiement à la marge.