Vous avez peut-être entendu parler, on trouve quelques articles francophones tels que ceux de ZDNet ou de Clubic, même si ceux-ci sont bien trop concis. Je parle donc de la eSIM, ou embedded SIM, littéralement "SIM embarquée", que l'on appellera parfois "SIM soudée", l'image étant plus parlante.
Essayons de réfléchir un peu plus en profondeur aux conséquences de cette nouveauté.
La eSIM, c'est tout d'abord un bouleversement dans l'industrie des télécoms. Un équilibre devra être trouvé entre les opérateurs téléphoniques et les constructeurs de téléphones. En effet, ces derniers viennent désormais empiéter dans le domaine historique des opérateurs en absorbant la carte SIM dans leurs usines fabriquant des téléphones. Mais cela n'est pas si simple, puisque le contenu de cette eSIM restera toujours domaine de l'opérateur. En effet, cette dématérialisation ne fait pas pour autant perdre à la carte SIM ses certifications en matière de sécurité, reconnues depuis longtemps aujourd'hui. On notera même que c'est aujourd'hui un des rares éléments qui nous entourent qui soit à la fois sécurisé et standardisé, facilement accessible et utilisable par l'utilisateur lambda.
On peut dans un premier temps être amené à critiquer cette solution. En utilisant les même arguments que ceux utilisés contre les batteries non amovibles par exemple, ou de la perte du port jack : moins de souplesse pour l'utilisateur ? Pas si la solution respecte le standard tel qu'il est décrit aujourd'hui, l'interopérabilité devant être assurée, et au contraire ce système va révolutionner notre mode de "consommation" dans le secteur des télécoms.
Aujourd'hui, si l'on souhaite changer d'opérateur de téléphonie mobile, la procédure est déjà très simple, notamment la mise en place du RIO il y a dix ans. Puis les opérateurs ont fait de gros efforts pour la souscription en ligne, tout est numérisé, y compris les pièces d'identité et le mandat de prélèvement SEPA. Mais n'est-il pas dommage de souscrire à une offre en cinq minutes en ligne, et de devoir attendre plusieurs jours la réception de la carte SIM par courrier postal ? Autre exemple, que diriez-vous de recevoir votre eSIM américaine la veille au soir de votre départ aux USA ? Vous voyez où je veux en venir : ce sera la paradis des churners, qui pourront théoriquement (on peut imaginer qu'il y aura des limites imposées pour limiter les abus) changer d'opérateur tous les jours.
De plus, il sera possible d'utiliser plusieurs profils de SIM sur une même eSIM, de la même manière qu'un téléphone dual-SIM aujourd'hui - avec l'avantage de ne plus être limité par le nombre d'emplacements physiques, mais cette fois par l'espace de stockage de la eSIM.
Une veine pour les opérateurs également, qui pourront s'affranchir de la gestion matérielle des cartes SIM, allant des usines d'encarteurs jusqu'à la gestion des stocks. De plus, une eSIM pourra recevoir quel software de SIM - puisqu'il est question de télécharger le profil de l'opérateur sur le mobile. En boutique par exemple, on retrouve différents types de cartes SIM, entre les compatibles NFC, les prépayés, ou ailleurs les M2M (machine to machine). Tout ce système, aujourd'hui cher et lourd, sera virtualisé et gérable en quelques clics.
Cette métamorphose peut faire penser à ce que l'on voit arriver dans le domaine du paiement mobile. La carte bancaire ressemble fortement à la carte SIM, vous l'aurez remarqué, et les même problème se posent : on peut souscrire à une banque en ligne en quelques clics, mais tant que la carte bancaire n'est pas dans la boîte aux lettres, nous sommes bloqués. Hors, depuis peu, les acteurs bancaires permettent le téléchargement du moyen de paiement sur le mobile, avec Paylib ou Apple Pay par exemple. Hors à ce jour, les banques qui proposent ces deux services demandent à posséder au préalable une carte bancaire plastique. Il vous reste cependant Orange Cash ou boon, qui eux permettent de payer dès la souscription, mais qui sont cependant des comptes prépayés.
Il nous tarde donc de découvrir quels seront les premiers acteurs - opérateur mobiles ou banques - qui nous proposeront en premier ces services intégralement dématérialisés, en allant jusqu'à inclure la carte à puce.